Automne dernier, sort un projet bien distinct dans le paysage habituel de sortie “rap français” de la saison.
En effet, Josman vient de sortir J.000.$ en réponse à sa propre troisième tape parue sept ans plus tôt : 000.$, dans laquelle il dénote la façon dont ses années de travail ont enfin payé. Et comment donc ses goûts, ses passe-temps, et loisirs se sont “luxifiés”. Cela au même titre que sa technique, son lyricisme et son purisme de musique hip-hop de nouveau surqualitatif. À la fois pondeur de tubes et sachant toucher des audiences toujours plus larges et diverses.
Alors comment cela se fait-il ? Comment Josman a endossé ce rôle-ci ? Comment a-t-il fait pour garder sa D.A. ? Finalement comment est-il resté le même depuis tout ce temps.
Aller toupar ou rester entre soi : telle est la question ?
Douze. C’est le nombre de collaborations extérieures à ses projets que Josman a réalisé rien qu’en 2024. Seul SDM le surpasse d’un titre supplémentaire.
Alors faut-il vraiment être sur le plus de projet possible pour être mainstream ? Si l’on pose la question à SDM, il se peut que la réponse soit oui. Mais là où la perception d’enchainer les feats aurait pu être mal vu ou du moins perçue comme de l’intérêt pur et dur (on dénotait cela chez N.I un moment). Josman, lui, n’aborde pas cela de cette manière…
Rappelons-le, mais Josman, c’est plus de 10 ans de carrière dans le rap français. C’est donc des dizaines de feats sur des projets divers et variés notamment en cette année 2024, comme on le disait précédemment. En somme la réflexion coule de source et suit l’intitulé de l’article : Josman est devenu mainstream tout en gardant ce côté underground parce qu’il a l’ancienneté qu’on lui connaît. Qu’à chaque morceau qu’on lance en connaissant sa présence dessus, nous sommes ravis d’entendre ce même niveau d’écriture sur ses couplets.
C’est donc en cela que le terme “underground” est corrélable au mainstream. Spécialement avec le cas de JO$. Ce dernier a ET un vécu ET de belles phrasés (S/o Polak pour celle ci – vous avez la ref j’en suis sûr).
Et pour autant ce qui permet à Josman de toujours garder l’inspi c’est bien le voyage. “Tu peux prendre un vol Ryanair à 12 balles, t’as pas nécessairement besoin d’une SACEM de ouf pour, ne serait-ce commencer à visiter le monde” nous disait-il pour Mehdi et son interview Apple Music.
Et puis dans le fond pourquoi JOS et pas un autre, finalement ?! Keroué, Luidji, Zed ou même Green Montana auraient très bien pu rivaliser. Alors pourquoi retient on Josman comme directeur de cette ambivalence 2010’s – 2020’s ? La réponse est dans la question :
Cultiver le secret grâce au cercle fermé et sa longévité
On le disait précédemment mais Josman c’est plus de 10 ans de carrière, 15 années pour être précis. JO$ rencontre Marco Gonzalez et Eazy Dew : futurs très grands amis de l’artiste et collaborateurs au tout début des années 2010.
En effet on connait tous Eazy pour son tag on ne peut plus reconnaissable et quasi omniprésents sur les prods de JO$ tout du moins sur ses premiers projets : 000.$, JO$, Matrix. Parce qu’en effet “Il n’y a jamais eu que des prods de Eazy Dew” confiait-il à Views. Mais ce qui va distinguer Josman dès le début dans son identité par rapport aux autres, ce sont bien les visuels de Marius Gonzalez : “Avec Marius, on bosse toujours à deux. On a commencé ensemble et on a appris ensemble (…) j’allais donc pouvoir me détacher de l’aspect réalisation avec lui” (Views, 2021).
En effet, c’est quelque chose que l’on remarque sur les premiers clips de JO$ notamment sur Matrix et Dans le Vide : les plans slow-mos, les effets blurred aux aberrations chromatiques choque le public qui découvre alors une nouvelle manière de visualiser le rap. Et ce, grâce au travail de Marius. Des plans directement inspirés de la scène US actuelle et passée de l’époque.
Puisque courant 2016, Young Thug, Lil Wayne, et la scène west coast en général est à son paroxysme d’influence. Thug vient de droper Barter 6 et The Purple Album, l’hégémonie Migos et YSL était elle aussi à son maximum. En somme, Josman vient de Vierzon et souhaite corréler sa west coast, à lui, à celle ricaine.
Et quel meilleur endroit que la scène pour défendre et promouvoir cette D.A. si particulière pour l’époque :
Josman est même tellement sectaire qu’à l’annonce de son Bercy, en mars 2023 pour février 2024, très peu de communications de sa part ont été faites. Et ce silence jusqu’au boutiste est constatable dans l’affiche même de son concert à l’Accor Arena : évènement pour les artistes et leurs communautés s’y rejoignant normalement. Cette fois-ci la date est à peine lisible sur l’affiche et reste la seule annonce de ce concert là.
Mentale M.A.N : être conscient de ses acquis et en faire sa principale force
Au même titre que B.B. Jacques à la sortie de son dernier album Blackbird, ces derniers sont conscients de leurs acquis et de leurs compétences, “on ne peut pas être flemmard” le Keuj dira même.
“C’est pour ça que je fais ce métier ! J’ai toujours voulu mettre ma musique au premier plan, de la faire parler d’elle-même.” (Interlude, 2021)
Sûrement reconnaissons-là dedans les propos d’un artiste brut. En effet on parle souvent de Josman comme un des derniers survivants d’un purisme hip-hop mais c’est bien parce que ce dernier a fait le choix de mettre que la musique comme moyen de partage premier, qu’il obtient cette considération du public rap :
Tout est dans Split
Elle est donc là, la raison pour laquelle Josman est aussi apprécié. Mais surtout respecté par le plus grand nombre. Quand bien même tout le monde ne l’écoute pas quotidiennement, tout amateur de rap qui se conçoit respecte ce parcours (plus de 10 ans) et ces projets (4 albums, 3 mixtapes, + de 30 feats depuis).
Josman c’est Split parce qu’il touche tout le monde, parce qu’il a su et continue de façon excellente : scinder son identité et aller toucher un petit peu de tout le monde. C’est Split parce qu’il sait aussi bien poser pour Jorja Smith que Youssoupha ou Sofiane Pamart. C’est Split parce que que comme Kevin Wendel il est tout aussi captivant que mystérieux, quelconque qu’unique, José que Josman.
2025 s’annonce déjà mémorable puisque Josman nous y donne rendez vous pour son cinquième album. Que peut t-on attendre au vu de ce que l’on vient de dire ? Très franchement, tout.