Sombre Clair

Originaire de Dallas, 4Batz de son vrai nom Neko Bennett, est déjà considéré outre-Atlantique comme une étoile montante de l’industrie musicale. En effet, avec seulement 3 titres publiés, l’artiste affole déjà les charts avec plus de 10 millions d’auditeurs mensuels.

Validé par des monstres sacrés comme Kanye West, SZA et Drake, et déjà mis en avant par des influenceurs comme Kai Cenat ou encore Adin Ross, pourquoi et comment 4Batz suscite autant l’attention ?

L’effet de surprise

La première chose marquante à son sujet, comme l’explique Sandra Gomes pour Konbini, est la maîtrise du contraste. L’artiste allie des visuels reprenant les codes classiques du gangsta rap, (arborant cagoule, grillz et signes de gang avec ses comparses derrière) ; avec une voix aigue et mielleuse sur une prod à l’ambiance onirique. L’effet de surprise pour l’auditeur est instantané.

C’est cette opposition déconcertante qui captive un auditoire surpris dans un premier temps, puis conquis par douceur du RnB de 4Batz.  

Toutefois, la musique de 4Batz ne se limite pas seulement à un coup marketing et un contraste. Si l’on y prête une oreille attentive, on remarque que l’artiste parvient à mettre en place une histoire à l’aide de morceaux très imagés. 

4Batz forTuneToTube.com

La pièce de théâtre

Chacun des morceaux constitue une part de l’histoire, un « act(e) » de la pièce de théâtre qu’il nous délivre. Une pièce de théâtre se déroule traditionnellement en 4 temps :

La première est l’exposition, qui pose le contexte. Dans « act i : stickerz ’99’ », Neko Bennett nous présente son personnage. Un jeune garçon à l’esprit évasif qui semble se jouer des sentiments qu’une fille éprouve pour lui. Il semble indécis et repousse les avances de la jeune fille.

La deuxième est le noeud dramatique, où l’on crée un conflit ou une intrigue. Dans le deuxième titre « act ii : date @ 8 », on comprend que la fille s’est probablement désintéressé de Neko et qu’il s’en veut . Il veut alors se rattraper en la chouchoutant : paire de chaussures, manucure, robes, etc. Et lui propose le fameux date à 8PM.

La troisième étape est les péripéties, où l’on place des événements, les fameux « coups de théâtre ». Dans « act iii : on God (she like) », l’artiste nous raconte que son amante le repousse et a perdu confiance en lui. Il est dans l’incompréhension totale de cette nouvelle, étonné que tous ses cadeaux n’aient pas suffi à récupérer son coeur. De manière volontaire ou non, 4Batz comprend que le matérialisme n’est pas la solution à ses problèmes de coeur.

Le dernier acte d’une bonne pièce de théâtre est son dénouement. On attend donc de voir quelle fin 4Batz va donner à sa pièce. Alors que l’artiste vient juste de dévoiler le remix de « date @ 8 » en featuring avec Drake, l’artiste va-t-il continuer sur sa lancée impressionnante ?

4Batz : la marionnette d’un label ?

Le succès foudroyant de 4Batz pose évidemment des questions. Des dizaines de millions d’auditeurs en seulement 3 morceaux, c’est quasiment inédit dans le paysage musical, même aux USA.

C’est pourquoi nombreux accusent l’artiste d’être une ‘Industry plant’ : un artiste en apparence indépendant et authentique, mais étant secrètement le produit d’une grosse maison de disque. Si dans la pop ou le RnB on en parlerai à peine, le fait d’avoir choisi une esthétique « gangsta » peut être à double tranchant, surtout lorsque l’on sait l’importance qu’accordent les américains à la « street-cred ». S’il s’avère que l’artiste s’approprie ces codes pour une simple utilisation marketing, sa réputation peut en être entachée. 

« La mysterieuse ascension de 4Batz (L’industry-plant de Kanye ?)

De mon côté, j’apprécie la démarche de 4Batz d’exploiter le décalage entre son imagerie et sa musique, jouant avec les codes de chacun des styles. Cela témoigne d’une certaine intelligence et d’une volonté de proposer des choses différentes. C’est à ça que l’on reconnait les grands artistes à mon sens.

Gregoire Sellier (@sellierjr)

Rolling Stone Music
Rolling Stone Magazine : « 4batz Has a Hit. Should We Care How He Got It? »
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